samedi 22 septembre 2018

Entrevue Saurel (1955)


L’histoire vraie de la semaine… Pierre Saurel

Par Hélène Prezeau

Publié dans le fascicule ‘’Histoires Vraies’’ # 363

Édition Police Journal

Mars 1955


--- Dites-moi, monsieur Saurel, comment est né votre AGENT IXE-13?

--- IXE-13 fut une idée de Monsieur Edgar Lespérance. Il me l’avait soumise me demandant de l’étudier. Je l’ai gardée en tête quelque temps, élaborant les grandes lignes du destin de cet agent de contre-espionnage, puis le 28 novembre 1947, Monsieur Lespérance publiait le premier numéro de ce roman. Au début il était bimensuel mais il devint hebdomadaire le 28 octobre 1949. Depuis, ce roman d’espionnage a toujours continué son chemin à travers mille péripéties qui tournent toujours autour de l’AGENT IXE-13 que nous avons appelé Jean Thibault, et de ses trois acolytes, Gisèle, Marius et Roxanne.

--- Avez-vous déjà écris auparavant?

--- Oui, des pièces de théâtre.

--- Les histoires d’espionnage sont pourtant loin du théâtre.

--- Pas tant que ça madame, c’est même le théâtre qui m’a inspiré le tour d’écrire ces romans. Au théâtre, il y a peu de descriptions et beaucoup de conversation. Alors je fais entrer beaucoup de dialogue dans mes écrits. Cela tient constamment le lecteur en haleine. De plus, vous avez remarqué que dans toute pièce de théâtre même dramatique un personnage amusant fait figure de bouffon. Les gens aiment à rire, alors je mets de la gaieté dans mes romans d’espionnage.

--- Voilà comment est né Marius votre marseillais sans doute?

--- Parfaitement.

--- Et Gisèle? Et Roxanne?

--- Un roman sans femme manquera de vie, de couleur. IXE-13 tout seul n’eut probablement pas vécu longtemps. Depuis sept ans, Gisèle est donc sa partenaire, son amie, sa fiancée.

--- Et elle sera sans doute sa femme ?

--- Secret d’office.

--- Vous la ferez disparaître peut-être?

--- Que non!... J’ai déjà essayé, je l’avais laissée en plan en France et l’AGENT IXE-13 dut continuer son œuvre seul. Plus tard, une autre femme est entrée en scène, elle ressemblait un peu a Gisèle et tout de suite, Jean Thibault y fut intéressé. Mais les lecteurs ont commencé à m’écrire s’informant de Gisèle, s’inquiétant de son sort, demandant qu’on la ramène aux cotés de IXE-13. Alors celle qui lui ressemblait un peu, ce fut Gisèle ressuscitée après une opération plastique. Je me devais de ne pas décevoir tant de gens qui tenaient à l’existence de cette Gisèle.

--- Les lecteurs vous font donc des commentaires?

--- Oui, et je les invite à continuer. Toute suggestion sur mes héros est bien accueillie, cela fait un lien plus vivant entre mes lecteurs et moi, leur idée marque le centre d’intérêt du public et certain épisode de mes histoires ont été inspirés par les lecteurs eux-mêmes.

--- Vous écrivez aussi le roman Albert Brien détective national des Canadiens français?

--- Depuis quatre ans seulement, auparavant, ce roman-détective était écrit en collaboration. Quant à l’AGENT IXE-13, c’est moi qui l’ai rédigé en entier depuis sa publication.

--- Alors vous êtes constamment aux prise avec des problèmes de détectives ou d’espionnage et vous vivez avec tous ces êtres formant un monde à part?

--- Je ne suis jamais seul… ils sont tous avec moi, ils vivent à mes côtés, mangent avec moi, dorment même avec moi --- car je les retrouve dans ma pensée dès mon réveil, --- ils me suivent sur la rue, dans ma voiture… Ils me parlent et j’ai grand soin de noter sur le fait ce qu’ils me racontent. Un calepin est toujours à portée de ma main et dès qu’une inspiration me vient, je l’attache au vol comme un papillon, car autrement au moment d’écrire, le papillon se serait envolé et je ne pourrais plus le rattraper.

--- Je trouve merveilleux que vous puissiez cinquante-deux semaines par année embrouillez ainsi la vie de vos personnages et soutenir l’intérêt de nos lecteurs.

--- Vous savez le roman détective ou d’espionnage, c’est un jeu de cache-cache avec le lecteur. Qui est le coupable? Voilà le centre d’importance. Parfois, j’écrirai mon roman moins une dizaine de pages, et je le passerai à ma femme Rita. Cette dernière est ma collaboratrice, elle relit et corrige mes manuscrits, elle est mon premier et probablement mon lecteur le plus difficile et le plus exigeant. Je lui demanderai donc de me dire qui selon elle est le coupable. Le lecteur réagira probablement comme elle, alors je pointe le doigt sur un autre héro dont elle ne se défie pas. Et ainsi de suite le plus soupçonné deviendra l’innocent, le moins soupçonné le coupable. Parfois, je serai moi-même avancé dans mon roman et je ne sais pas encore qui est ce coupable… Je suis moi-même trop au centre du jeu.

--- Est-ce que ce monsieur IXE-13 ressemble à un agent d’espionnage ayant réellement existé et dont les confidences auraient servi d’inspiration à vos romans?

--- Cela c’est mon secret aussi. Je puis seulement vous dire que l’AGENT IXE-13 à la vie dure. Mes cartons sont remplis de ses expériences et j’ai du texte pour des mois d’avance. Bientôt un nouveau personnage va partager l’existence de Jean Thibault et changer en même temps la vie de nos héros actuels.

--- Quelle âge aviez-vous quand vous avez commencé à écrire IXE-13?

--- Vingt-deux ans puisque j’en ai vingt-neuf maintenant. Mais j’ai toujours écrit, je crois, parce que j’ai toujours aimé ce monde imaginaire où vit l’écrivain. Et j’y entraine avec moi vos héros hebdomadaire.

--- Et à travers ce travail de rédaction, vous vous occupez de théâtre?

--- J’ai une troupe qui joue uniquement mes pièces de théâtre, soit une quinzaine. De plus je fais de la radio, mais je suis ici pour vous parler d’IXE-13.

--- Je vous remercie de nous avoir fait connaître l’arrière-scène de votre roman d’espionnage, je vous félicite de votre travail et je vous souhaite toujours le même succès dans notre maison.

FIN

Texte gracieuseté de François Hébert

Photo gracieuseté de Pierre Saurel

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